Clonostachys roseaf. catenulata : biofongicide
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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES ENVISAGÉES
- Propriétés : Clonostachys rosea f. catenulata est la nouvelle dénomination officielle de Gliocladium catenulatum. Ce champignon agit par antibiose, à l’instar de tous les Gliocladium. Il produit des métabolites secondaires volatils et toxiques pour les pathogènes cibles, tels que la gliovirine et la gliotoxine. Naturellement présente sur la matière organique morte de certains sols et pouvant vivre sur les feuilles ou en terre durant plusieurs semaines, l’espèce rosea – dont la souche J1446 a été mise en évidence par la société Verdera en Finlande et développée par Lallemand plant care (groupe canadien leader mondial sur le marché des spécialités à base de levures, de bactéries, de champignons et de dérivés) –, permet de lutter contre divers champignons et organismes fongiformes (Oomycètes, Pythiacées) nuisibles aux cultures.
- Mode d’action et cibles : à l’origine, C. rosea J1446 a été isolé du sol dans le cadre d’un projet de contrôle des agents pathogènes des céréales entre 1989 et 1993. Puis, il a fait l’objet d’essais de criblage de souches efficaces contre Fusarium culmorum et d’essais d’efficacité de souches contre Rhizoctonia et Pythium sur chou-fleur et betterave.
Opérant par contact, son mode d’action est multiple :
- hyperparasitisme, en dégradant les parois cellulaires et les hyphes de champignons phytopathogènes au moyen d’enzymes, tels que les glucanases et les chitinases ;
- compétition, en colonisant rapidement la plante et en privant les champignons nuisibles d’espace et de nourriture ;
- saprophytisme, en se développant sur des tissus nécrosés et en formant une barrière protectrice au niveau des voies d’entrée privilégiées par les champignons pathogènes.
En outre, C. rosea J1446 a une action biostimulante avérée chez certaines plantes hôtes. Ce fongicide biologique réduit l’inoculum primaire et le potentiel infectieux des pathogènes sensibles, tout en évitant l’apparition de résistances.
Formulé dans la spécialité commerciale Prestop (320 g/kg) ou Prestop 4B (260 g/kg) à base de mycélium et de spores, il s’applique surtout en traitement préventif contre les champignons pathogènes du sol (Fusarium, Phytophthora, Pythium, Rhizoctonia, Sclerotinia), dont plusieurs sont transmis par l’eau, le sol et/ou les semences, mais peut aussi être pulvérisé au niveau des parties aériennes pour maîtriser certaines maladies fongiques (pourriture grise à Botrytis cinerea des cultures florales et plantes vertes, Didymella, Sclerotinia et Botrytis sur cucurbitacées à peau comestible, poivron, aubergine, tomate).
Ce spectre d’efficacité assez étendu permet également de prévenir la fonte des semis et les foyers de maladies cryptogamiques en serre de multiplication, où les conditions de température ainsi que d’hygrométrie s’avèrent favorables aux pathogènes cibles.
Contre la pourriture grise et la sclérotiniose, les producteurs de fraises ou de framboises peuvent aussi l’utiliser sous abri de façon originale en déposant 5 à 10 g de produit par ruche de pollinisateurs (bourdons) pour une serre ou tunnel de 1 000 m2. Dans ce cas, ce sont les insectes qui disséminent les spores du champignon auxiliaire et se chargent de les déposer directement sur les fleurs. Les ruches sont équipées d’un distributeur par lequel les bourdons passent pour sortir. Le produit disposé au préalable dans le distributeur se fixe alors sur le corps des insectes butineurs, qui le disséminent ensuite sur chaque fleur colonisée, assurant une protection ciblée et continue. Pour optimiser l’efficacité, il convient de remplir le dispositif chaque jour pendant la période de floraison.
- Principales cultures concernées : C. rosea J1446 est autorisé en traitement de sol sur les cultures ornementales herbacées ou ligneuses, fruitières, légumières, à parfum, aromatiques et médicinales, pour les grandes cultures (les crucifères oléagineuses) et en traitements généraux afin de lutter contre les Pythiacées et divers champignons phytopathogènes, alors que pour le traitement des parties aériennes son homologation est limitée aux cultures florales et de plantes vertes, ainsi qu’à certaines productions de petits fruits (fraisier, framboisier). Il peut donc couvrir un champ assez vaste de risques fongiques et s’inscrire utilement dans un programme de lutte intégrée.
- Efficacité : C. rosea J1446 colonise et protège principalement les organes souterrains des végétaux, mais a également une action intéressante contre certaines maladies des parties aériennes, comme la pourriture grise des cultures ornementales sur les tiges, les feuilles et les pièces florales. Pour obtenir la meilleure efficacité, ce produit est utilisé de préférence en traitement préventif. D’ailleurs, les résultats les plus probants contre Botrytis cinerea sont souvent obtenus en situation de faible pression biotique et au plus tard dès l’observation des premiers symptômes. On peut renouveler si besoin l’application toutes les trois à quatre semaines, en complément des mesures prophylactiques.
En ce qui concerne la lutte contre les maladies telluriques, le produit peut être soit incorporé dans le sol, soit mélangé au substrat. L’application est renouvelée toutes les quatre à six semaines selon le niveau de risque encouru. Plusieurs rapports d’essais ont montré l’intérêt de ce traitement. L’Arexhor Seine-Manche, par exemple, a démontré en 2011 l’efficacité de la souche J1446 pour lutter contre le Pythium en culture de pensées. Cette expérimentation a été conduite sur la base d’une inoculation artificielle et a permis, le 14 septembre 2011, de définir le pourcentage de plantes mortes à hauteur de 5,5 % pour le témoin non traité contre 1,5 % pour la modalité traitée avec le produit Prestop. Quant au poids sec des plantes observé le 16 septembre 2011, le témoin non traité affichait 5 g, tandis que la modalité Prestop totalisait environ 14 g.
On confère par ailleurs à C. rosea d’autres effets reconnus dans certains pays, tels que sur la laitue avec une amélioration de la germination et du développement racinaire, une activation de la croissance des semis, une augmentation du nombre de jeunes plants forts et une meilleure homogénéité de la culture.
- Conditions d’utilisation : C. rosea souche J1446 est utilisable en agriculture biologique et en agriculture conventionnelle. On peut l’utiliser, suivant les cultures et les maladies visées : en pulvérisation foliaire, dans le système d’irrigation (goutte-à-goutte), par trempage ou arrosage, par incorporation dans le substrat de culture. Mais il est déconseillé de la mélanger avec d’autres produits phytosanitaires ou avec des engrais. La conservation du produit peut atteindre douze mois dans son emballage d’origine non ouvert, dans un endroit frais (égal ou inférieur à 8 °C) et sec. Il est possible de stocker la préparation au maximum six mois à 4 °C ou quatre semaines à température ambiante.
- Toxicologie, respect de l’environnement et de la biodiversité : sans classement toxicologique ou écotoxicologique, les spécialités à base de C. rosea souche J1446 nécessitent cependant le respect d’une zone non traitée par rapport aux points d’eau de 5 m pour les cultures basses, de 20 m pour les cultures d’une hauteur supérieure à 50 cm et de 50 m pour le traitement des arbres lorsque le produit fait l’objet de six applications. En effet, des études ont démontré des mortalités dans les populations de poissons et de daphnies après leur exposition à ce micro-organisme. En revanche, il n’est ni toxique ni pathogène pour les algues. De plus, aucun effet nocif n’a été observé sur les oiseaux, les mammifères sauvages, les arthropodes, les invertébrés non arthropodes et les autres micro-organismes.
Jérôme JullienPour accéder à l'ensembles nos offres :